約 4,404,613 件
https://w.atwiki.jp/xbox360score/pages/862.html
Command & Conquer Red Alert 3 Commander’s Challenge 項目数:12 総ポイント:200 難易度: 製品情報:マーケットプレース(北米) 配信日:2009年9月16日 DL費用:800MSP ジャンル:Strategy Simulation ☆日本未配信 Star Pupil Complete all lessons in the tutorial(tutorialの全てのlessonを完了する) 5 First Blood Complete the first challenge mission, "Dead Meat".(最初のchallenge mission"Dead Meat"をクリアする。) 5 Victor Complete all 13 main path challenge missions(13種全てのmain path challenge missionをクリアする) 20 Superior Commander Complete all 13 main path challenge missions under par time(13種全てのmain path challenge missionをpar time以内でクリアする) 50 Future Leader Complete all 50 challenge missions(50種全てのchallenge missionをクリアする) 20 King Of The World Complete all 50 challenge missions under par time(50種全てのchallenge missionをpar time以内でクリアする) 50 Battle Tested Complete any 10 challenge missions(いずれか10種のchallenge missionをクリアする) 10 Battle Hardened Complete any 25 challenge missions(いずれか25種のchallenge missionをクリアする) 20 秘密の実績:20 Big Game Hunter You killed all of the giant bears in "Number One Threat to America".("Number One Threat to America"においてgiant bearを全て殺した。) 5 Recycler You killed 20 Steel Ronin(Steel Roninを20体殺した) 5 Killed A Ton You cleaned up! You killed 20 Desolator Troopers.(掃除完了!Desolator Trooperを20体殺した。) 5 Going Commando You killed 20 Enemy Commandoes.(敵のCommandoを20体殺した。) 5
https://w.atwiki.jp/oper/pages/3171.html
ACTE III Prélude Vers la cité lointaine… (Un jardinet au faîte de la butte Montmartre. A gauche, une petite maison sans étage, avec perron et vestibule découvert. A côté de la maison, à l avant-scène, un mur coupé d une petite porte. A droite, des échafaudages. Au fond, une haie; entre la haie et les échafaudages, une porte à claire-voie. Un sentier extérieur côtoie la haie; au-delà s étagent les toits des maisons voisines. Panorama de Paris. Le crépuscule est imminent) Scène Première (Au lever du rideau, Julien, assis, un livre à la main, près de la maison, semble plongé dans une méditation heureuse. Accoudée sur la rampe du perron, Louise, souriante, le regarde amoureusement, puis s approche) ▼LOUISE▲ Depuis le jour où je me suis donnée, toute fleurie semble ma destinée. Je crois rêver sous un ciel de féerie, l âme encore grisée de ton premier baiser! ▼JULIEN▲ Louise! ▼LOUISE▲ Quelle belle vie! Mon rêve n était pas un rêve! Ah! Je suis heureuse! L amour étend sur moi ses ailes! Au jardin de mon coeur chante une joie nouvelle! Tout vibre, tout se réjouit de mon triomphe! Autour de moi tout est sourire, lumière et joie! Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! Quelle belle vie! Ah! je suis heureuse! trop heureuse… Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! ▼JULIEN▲ Louise est heureuse? ▼LOUISE▲ (se jetant dans ses bras) Trop heureuse! ▼JULIEN▲ (avec tendresse) Tu ne regrettes rien? ▼LOUISE▲ Rien!… Que puis-je regretter? (simplement) A l atelier, parmi mes compagnes, j étais une étrangère, personne ne me comprenait et personne ne m aimait. (sans acrimonie) Chez nous, mon père me traitait toujours en petite fille. (enfantement, avec rancune) Et la mère Qui aime bien, châtie bien Ne perdait pas son temps avec moi! C était à tout moment, à propos de rien, des rebuffades, des attrapades (gamine) Pan! Pan! «ça t apprendra!» Pan! Pan! Attrap «celle-là!» «Mais ma mère!» «Vas-tu te taire?» «Je n ai rien fait!» «P tite effrontée!» «Pan! Pan! Pan! Pan! Pan! Pan!» ▼JULIEN▲ (riant) Ah! Ah! Ah! Ah! ▼LOUISE▲ (sérieuse) Et mon père la laissait faire… Il m aimait bien pourtant, mon pauvre père!… Mais il croyait tout ce qu inventait la jalouse elle avait fait de toi un tel portrait, critiquant ta conduite, ton métier, que mon père ne pouvait croire qu il me fût possible de t aimer. ▼JULIEN▲ (moqueur) La mère La Routine, le père Préjugé devaient bien s entendre! ▼LOUISE▲ (imitant son père, sans trop de moquerie) «A ton âge, disait-il, on voit tout beau, tout rose; prendre un mari, c est choisir une poupée»… ▼JULIEN▲ (souriant) Une poupée? ▼LOUISE▲ «Malheureusement, ces poupées-là, ma fille, vous font parfois pleurer bien des larmes» ▼JULIEN▲ (riant) Ah! Ah! Ah! Ah! Ah! (ironique, sans éclat) Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté! Il fallait lui répondre, gentiment «Les poupées d amour ne sont pas toutes méchantes»… ▼LOUISE▲ «Comment veux-tu la choisir?» Disait mon père… ▼JULIEN▲ Avec mon coeur! ▼LOUISE▲ (continuant l imitation) «C est un bien mauvais juge» ▼JULIEN▲ (avec impatience) Pourquoi donc? ▼LOUISE▲ (souriante, ironique) «Qui dit amoureux, toujours dit aveugle» ▼JULIEN▲ (s exaltant, mais sans colère) Aveugle lui-même, d avoir méconnu la souveraineté de l amour!… Et d oser réclamer pour lui le droit d élire le maître de ta destinée!… ▼LOUISE▲ (imitant les gestes paternels, sans moquerie) «C est le droit de la vieillesse! Le droit de la sagesse! (emphatique) Le droit de l expérience!» ▼JULIEN▲ (impétueux) L expérience! Ha! Ha! Ha! L expérience! C est à dire la Routine, la Tradition, toute l oppression des préjugés stupides! (à Louise, avec âpreté, d une voix sifflante) L expérience qui voudrait Dieu lui-même en servage! L expérience lâche et tyrannique servante de l Envie qui se dresse à l entrée de la vie! (véhément) Les juvéniles chevauchées des passions! Tout l idéal, tout l amour, le vouloir, le génie, honnis, traqués, comme on traque l ignominie! O la misérable! O l odieuse! L infâme, l hypocrite, l inféconde expérience! ▼LOUISE▲ (simplement) Ainsi tout enfant a le droit de choisir lui-même le chemin du bonheur? ▼JULIEN▲ (avec conviction et grandeur, sans emphase) Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! Malheur à celui qui voudrait garrotter l originale et fière volonté d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, sa part d amour! (Le soir tombe. Les dernières lueurs du couchant dorent la ville) ▼LOUISE▲ (avec une émotion grandissante) Les désirs de nos coeurs peuvent-ils sans remords briser d autres coeurs?… ▼JULIEN▲ (farouche) L égoïsme appelle l égoïsme! ▼LOUISE▲ L amour des parents n est-il donc que de l égoïsme? ▼JULIEN▲ Rien qu égoïsme! ▼LOUISE▲ Et mon père lui-même?… ▼JULIEN▲ (s emballant) Un égoïste plus aveugle que les autres! (Louise fait un geste de reproche. Julien, regrettant ses paroles, s approche d elle et l entraîne doucement vers le fond du jardin) ▼JULIEN▲ (caressant) Jolie! Tu regrettes d être venue? (il l attire contre lui, avec tendresse, et lui montre la ville) De Paris tout en fête, entends monter la joyeuse, l attrayante chanson! C est pour toi, petite muse, que la ville cette nuit s amuse! (avec câlinerie) Hors Paris, Louise ne serait pas Louise! Paris sans toi ne serait point Paris! Mignon symbole de la grande cité, je t aime en elle et je l adore en ta beauté! ▼LOUISE▲ (extasiée) O l attirante, la chère musique de la grande Ville! ▼JULIEN▲ (enthousiaste) La Ville m a donné la Fille… ▼LOUISE▲ (gagnée par l enthousiasme) L amour de la Fille te donnera la Ville! ▼JULIEN▲ Oui, tous deux nous marcherons à la conquête de la Cité merveilleuse! ▼LOUISE▲ Ta gloire aura mes yeux pour étoiles! ▼JULIEN▲ Par ton amour, j aurai la victoire! ▼LOUISE▲ Paris! ▼JULIEN▲ Paris! ▼LOUISE▲ Paris! ▼JULIEN▲ Paris! ▼LOUISE, JULIEN▲ Paris! Paris! Cité de force et de lumière! Paris! Paris! Paris! Splendeur première! (Louise et Julien, aux bras l un de l autre, invoquent la Ville immense) Paris! Paris! O Paris! (La nuit est venue, la Ville peu à peu se revêt de lumières) Cité de joie! Cité d amour! Sois douce à nos amours! (ils s agenouillent) Protège tes enfants! (dramatique) Garde-nous!… Défends-nous! (Les amants, enlacés, immobiles, comme sous l enchantement du rêve glorieux d Avenir qui se lève devant eux, tendent les bras vers la ville) ▼LOUISE▲ Julien! ▼JULIEN▲ Louise! ▼LOUISE▲ Vois la ville qui s éclaire… ▼JULIEN▲ C est le firmament sur terre… ▼LOUISE▲ Entends les mille voix… ▼JULIEN▲ Elles répondent à nos voix! ▼LOUISE▲ Regarde les lumières. ▼JULIEN▲ La ville tout entière se lève à ta prière! ▼LOUISE▲ (avec enthousiasme) Ah! (Ils se relèvent lentement. Dans une apothéose de lumière, Paris semble fêter les amants) ▼LOUISE, JULIEN▲ «Libres! Vous êtes libres!» Nous crie la ville immense. ▼VOIX DE LA VILLE▲ (Femmes et Hommes) Libres! ▼LOUISE, JULIEN▲ Libres, soyons libres, selon notre conscience! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres! ▼JULIEN▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres, dans l amour! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼JULIEN▲ Libres, dans la vie! ▼VOIX DE LA VILLE▲ Libres! ▼LOUISE▲ Libres, toujours! ▼JULIEN▲ (en interrogation) Toujours? ▼LOUISE▲ (décidée) Toujours! ▼JULIEN▲ (souriant) Toujours! ▼LOUISE▲ (souriante) Toujours! ▼JULIEN▲ (la pressant dans ses bras, avec tendresse) Toujours! ▼LOUISE▲ (se serrant contre lui - avec passion) Toujours! (Feu d artifice, lointain. Les amants, retombés sur le banc de verdure, s étreignent avec extase) ▼LOUISE▲ Vois la belle nuit… ▼JULIEN▲ C est notre nuit de noces! ▼LOUISE▲ Ah! Je t aime!… ▼JULIEN▲ Tu m aimes?… ▼LOUISE▲ Je t aime!… ▼JULIEN▲ Oh! Le doux miracle… Je ne suis plus Julien, tu n es plus Louise! ▼LOUISE▲ (se jetant sur lui passionnément) Des baisers, Julien, des baisers! ▼JULIEN▲ (se levant; calme, avec grandeur) Nous sommes tous les amants fidèles à leurs serments! ▼LOUISE▲ (agenouillée devant lui) Ah! Le divin roman! ▼JULIEN▲ Nous sommes tous les êtres qui veulent vivre sans maîtres! ▼LOUISE▲ (lui tendant les bras) En mes bras sois mon maître! ▼JULIEN▲ Nous sommes toute les âmes que brûle la sainte flamme du désir! (Il prend Louise dans ses bras) ▼LOUISE▲ (éperdue) Suis-je sur terre? Je marche dans une féerie… ▼JULIEN▲ (montrant la ville illuminée) Regarde ton domaine!… ▼LOUISE▲ (pâmée) Vision fleurie!… ▼JULIEN▲ (avec ferveur) Ici loin de la peine, loin de l envie et de la haine, ton clair sourire de bonté rayonnera sur la cité. Et mes baisers, ô tendre soeur, te feront muse du bonheur! ▼LOUISE▲ (éperdue; joyeuse, triomphante, impétueuse) Ah! La parole idéale dont s enivre mon corps tout entier! Dis encore ta chanson de délices! Ta chanson victorieuse, ta chanson de printemps! ▼JULIEN▲ (entraînant) Avec tes baisers clos mes lèvres! Tes baisers valent mieux que mes chants de liesse! Baisers d aurore et de soleil! Baisers de feu! ▼LOUISE▲ (frénétique) Encor des baisers! Toujours des baisers! Mets sur ma lèvre toute leur fièvre! Encor des baisers! ▼JULIEN▲ Depuis le jour où je l ai prise toute, jamais Louise ne parut si belle! ▼LOUISE▲ (pétulante) Ce n est plus la petite fille?… ▼JULIEN▲ C est une femme nouvelle! ▼LOUISE▲ l enfant timide et craintive? ▼JULIEN▲ Non, c est l Amante éternelle! ▼LOUISE▲ C est une femme au coeur de flamme dont l être clame, dont l âme crie éperdument ▼JULIEN▲ Ah! Au souffle du Désir, Louise enfin s éveille! Hosanna! Hosanna! ▼LOUISE▲ Ah! (claironnant, passionnée, juvénile impatiente) Ah prends-moi vite, vite, mon bien-aimé, plus beau que les fiers chevaliers des contes bleus de la Légende! A mon appel hâte-toi d accourir! (souriante) Prince Charmant dont la caresse (triomphante) éveilla la petite Montmartroise au Coeur Dormant! (ardente) Viens dans mes bras, ô mon poète, ne suis-je pas ta conquête? Embrasse-moi… Fais-moi mourir sous tes baisers! ▼JULIEN▲ Ardente ivresse du baiser! O vertige, ô volupté! La chair de l amante a parlé elle appelle son maître… ▼LOUISE▲ A toi tout mon être! ▼JULIEN▲ Ton cher corps me désire? ▼LOUISE▲ Je veux du plaisir! ▼JULIEN▲ Prends-moi! ▼LOUISE▲ Ah! Jadis tu pris la vierge aimante toute naïve en son printemps, mais aujourd hui, l amante-femme veut à son tour prendre l Amant! Viens! O mon poète! Beau chevalier, ah! Sois ma conquête… Fais moi mourir sous tes baisers! ▼JULIEN▲ Ah! Bien aimée! Prends ton poète! Ah! Emporte ta conquête… Fais-moi mourir sous tes baisers! ▼LOUISE▲ (pâmée) C est le paradis! ▼JULIEN▲ Non, c est la vie!… ▼LOUISE▲ C est une féerie… ▼JULIEN▲ Non, c est la vie, l éternelle, la toute-puissante vie! (Appels lointains de trompettes. Les deux amants se dirigent vers la maison. Indifférente à tout ce qui les entoure, les yeux dans les yeux, les lèvres appelant les lèvres, ils montent lentement le perron. Au loin, bouquet de feu d artifice. D un geste passionné, Louise entraîne Julien dans la maison. Après un dernier regard vers la ville, ils disparaissent. Tambours lointains) Scène Deuxième (Un bohème apparaît sur le sentier; il saute la haie, se dirige vers la maison, regarde la fenêtre éclairée, et fait un geste d appel vers la ville. Le premier bohème sonne un appel. Un autre bohème surgit de la même manière; le premier va à sa rencontre) ▼LE DEUXIEME BOHEME▲ (au premier) Ils sont là? (Sonne la trompette. Il lui montre la fenêtre dont la lumière s éteint subitement, puis ouvre la porte à trois camarades porteurs d un paquet volumineux qu ils déballent en hâte. Ils en tirent des oriflammes, des draperies, des lanternes vénitiennes, dont ils décorent la façade, le perron et le vestibule de la maison. Au loin retentissent des clameurs, des chants, des fanfares de fête. Les lumières de la ville semblent s avancer vers la Butte. Roulement lointain de tambours. Rumeurs joyeuses. Chants lointains) ▼OUVRIERS, BOHEMES, GENS DE LA BUTTE▲ (lointains) Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! ▼LA FOULE▲ (Enfants, lointain) N en mangez pas, jeun s fill s, ça fait grossir! ▼GRISETTES ET BOHEMES▲ Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! ▼LA FOULE▲ (Enfants) N en mangez pas, messieurs, ça fait mourir! (Cris lointains) Vivent les Bohèmes! ▼ENFANTS▲ La la la la la… ▼CHOEUR▲ La la la la la… (Peu à peu des badauds, rôdeurs et rôdeuses, se massent à l entrée du jardin. Des gueux apparaissent, grimpés sur les échafaudages des maisons voisines et sur le mur de clôture. Des bandes de gamins traversent le sentier en courant. Dans la rue placée en contrebas, on voit passer des lampions et les bannières des bohèmes. Le premier groupe des gens de la Butte paraît sur le chemin) ▼RODEURS, RODEUSES▲ (à la porte du jardin) Honneur aux bohèmes! Gloire aux faiseurs de poèmes! Gloire aux belles qui les aiment! Hourrah! (Quelques grisettes, précédant la bande, accourent sur le perron, pour mieux voir. Les gens de la Butte les suivent dans un effarement plutôt comique. Rumeurs prolongées) ▼LES MERES ET LES PERES▲ Que vienn nt faire ces gens-là avec tout leur tralala? Regardez ces filles, ah! En ont-ell s des falbalas! ▼LES MERES▲ Quell misère… Si j étais leur mère! ▼LES PERES▲ Quell misère… Si j étais leur père! ▼LES GAMINS▲ (s appelant à l entrée du jardin) Ohé! Ohé! ▼LES GUEUX▲ (assis sur les échafaudages) Ohé! Ohé! ▼LES FILLETTES ET LES GARÇONS▲ C est ici qu ils vont s amuser… ▼LES GAMINS▲ (entrant, telle une nuée de moineaux, marquant un pas sur chaque temps) Le bourgeois voudrait les pendr d un seul coup! La bourgeois voudrait se pendr A leur cou! ▼MERES ET PERES▲ (causant entre eux) Quelle extravagation, quelle dépravation! C est l abomination de la désolation! ▼LES FILLETTES▲ (entre elles) Ils vont chanter, rire et danser… Et peut-être nous embrasser… ▼LES GARÇONS▲ (entre eux) Ils vont chanter, rire et danser… Et nous montrer leurs fiancées… ▼DES GUEUX▲ (rires) Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. ▼LES GAMINS▲ Mais la quille, plus maligne, de son oeil tranquille cligne (ils s arrêtent; avec drôlerie) «O chaleur! Quel malheur!… Attendez-moi tout à l heur !» (Des gardes municipaux paraissent galopant des chevaux fantasques. Ils poursuivent les gamins qui se réfugient sur le perron) ▼FILLETTES, GARÇONS, GUEUX▲ (se montrant les bannières) Ah! (Paraissent les porteurs d oriflammes, de bannières et de lanternes. (Le chansonnier, le peintre, le sculpteur, les philosophes, l étudiant, le jeune poète et les bohèmes du 2e acte sont disséminés dans les différents groupes travestis.) Ils s alignent au fond de la scène. Des grisettes et des bohèmes, bizarrement travestis, entrent en farandole et font plusieurs fois le tour du jardin, gambadant, sautant, et se livrant à mille excentricités) ▼LES BOHEMES, PORTEURS D ORIFLAMMES▲ (criant) Place! Bonn s gens, élargissez-vous! Place! Bonn s gens, élargissez-vous! ▼MERES ET PERES▲ Voyez, voyez, (cris d ahurissement) ah! Voyez, voyez, (riant) ha, ha, ha, ha, ha, ▼FILLETTES ET GARÇONS▲ Voyez ces bannières! Toutes ces lumières ▼LES GUEUX▲ (riant ironiquement) Ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ▼LES BOHEMES, PORTEURS DE LANTERNES▲ Place! Bonn s gens, élargissez-vous! ▼LES GAMINS▲ Les voici, les voici, les voici… ▼LES GRISETTES▲ (riant) Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. ▼GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX▲ Il y a des êtres qui s ennuient… ▼TOUS▲ … y en a d autr s qui n s ennuient pas! ▼GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS▲ Ha! Ha! Ha! ▼GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX▲ Il y a en a qui ont du génie… ▼TOUS▲ … y en a d autr s qui n en ont pas! ▼GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS▲ Ha! Ha! Ha! ▼LES GAMINS▲ (se moquant de la foule) Voyez donc ces têtes, ces binettes! ▼BOHEMES▲ Viv la rigolade! ▼MERES, PERES▲ Voyez ces bannières! ▼LES GUEUX▲ Vivent les artistes! Gloire aux anarchistes! ▼LES GAMINS▲ Voyez donc ces têt s qu ils ont! ▼GRISETTES, BOHEMES▲ Viv la rigolade! ▼FILLETTES, GARÇONS▲ Quelle sérénade! ▼MERES, PERES▲ Toutes ces lumières! ▼LES GAMINS▲ Conspuez! Conspuez! Conspuez! ▼GRISETTES, BOHEMES▲ Dans un royal bacchanal! Loin du flic et du cipal, chantons, chantons, notre hymne triomphal! ▼LES GUEUX▲ En l honneur des étudiants, compagnons, battons un ban. (ils battent bruyamment les mains en cadence) ▼FILLETTES, GARÇONS, MERES, PERES▲ Quel étrange carnaval, quel infernal bacchanal! Ils sont fous, ils sont saouls, ils mett nt tout sens dessus d ssous! (A la porte de l enclos, apparaît le cortège du Plaisir. Sur un char escorté par les Filles de Joie, le Noctambule, costumé en Pape des Fous, entre solennellement) ▼CHOEUR▲ (sauf les Mères et les Pères) Jour d allégresse Et jour d amour Sur la Butte en liesse! (Le cortège se range à l avant-scène, devant la maison) Tout est rose, Tout flamboie, C est la joie, L apothéose! (Deux Bohèmes, travestis en âne et en singe, vont se placer de chaque côté du perron) Voici venir Les divins gueux Aux longs cheveux, Les jeunes dieux! ▼ENFANTS▲ Les chercheurs d absolu, ▼CHOEUR▲ Oyez ces cris. De tous côtés c est la joie de Paris aux pieds de la Beauté! ▼ENFANTS▲ Les épris d inconnu, voici venir les fiers élus de l avenir! ▼CHOEUR▲ Les épris d inconnu, les élus de l avenir! (Louise paraît sur le perron très émue. Ses amies s empressent autour d elle. Julien se joint aux Bohèmes) ▼JULIEN, IRMA, CAMILLE, BLANCHE, ELISE, MADELEINE, GERTRUDE, LA PREMIERE, SUZANNE, MARGUERITE▲ Gloire à la Muse dont la lèvre fleurie jamais rien ne refuse à son poète qui la prie! ▼CHOEUR▲ Riez! Chantez! C est la joie. Riez! Dansez! Tout flamboie! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! Gloire au génie des fils de l harmonie, riches d éternité, quoique vêtus de pauvreté! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! (Bravos prolongés de la foule. Un Bohème, grimpé sur le toit de la maison, s adresse à la Foule) ▼UN BOHEME▲ Bonn s gens! Bonn s gens! Habitants de Paris, venez tous admirer Louise la jolie! C est un gentille p tite ouvrière que les bohèmes, rois de misère, vont sacrer Muse de leur chimère! ▼LA FOULE▲ (surprise) Une Muse? Une Muse à Montmartre! ▼UN BOHEME▲ En l honneur de Louise que la danse commence. (Louise, rougissante d émotion et de plaisir, s assied sur le perron. Ses amies prennent place derrière elle. Les gamins, tenant des roses, s entassent sur les marches du perron. Julien et les bohèmes se groupent à gauche contre la maison. La foule, repoussée contre le mur et les haies de l enceinte, devient peu à peu silencieuse. En une chaîne gracieuse et colorée, des grisettes travesties s adossent au public, et forment, devant Louise, un large demi-cercle au centre duquel apparaît la Danseuse) ▼PREMIER GROUPE▲ Approchons. Holà! Ne poussez pas ainsi! Nous voulons voir! Vous ne passerez pas. ▼DEUXIEME GROUPE▲ Je garde ma place. - C était la mienne. J y étais avant vous! Menteuse. - Imbécile. - Malhonnête. ▼TROISIEME GROUPE▲ Vous m écrasez. - Je m en moque. Aïe, butor. - Abruti. - Malappris. Vieux singe! ▼QUATRIEME GROUPE▲ Laissez-moi passer. - Non, allez ailleurs. Vieux fourneau! - Hein vous dites? Mange, fumier! ▼LES GAMINS▲ (assis sur le perron) Y a d quoi s mordre! Ohé! Les poires! Voyez tableau! ▼LES GUEUX▲ (sur les échafaudages) C est la fête! C est la fête! Ohé!… Rapineurs, pique-assiettes, refileurs de comète, ouvrez l oeil, car pour vous l Opéra va danser! ▼LES BOHÈMES▲ (maintenant la foule) Faites place aux danseuses! Divertissement Scène Troisième Couronnement Dde La muse… ▼LE PAPE DES FOUS▲ (se levant) Par Mercure aux pieds légers, puisque s ouvre ici la Cour d amour, m est avis, messeigneurs, qu il vous sied de céder le verbe au poète superbe et seul idoine à louanger (rires dans la foule) (emphatique) que voici. (Il va vers la foule de droite et s incline ironiquement; puis, vers la foule de gauche, s incline de nouveau, esquisse quelques entrechats, gambade autour des grisettes, et après une pirouette finale, fait un geste mystérieuse à la Danseuse. Surgissent du fond de la scène les ballerines qui s éparpillent, se groupent, font la roue, puis mystérieusement s écartent, découvrant la Danseuse) ▼LE PAPE DES FOUS▲ (à Louise, montrant la Danseuse) O jolie! (Celle-ci, comme suggestionnée, tourne sur elle-même, s avance vers lui) Cette danseuse est une fleur de vie faite d un peu de chacun de nous tous. (Les grisettes prennent part à la danse) Et cette fleur vivante, c est notre âme. Sous la forme d une fleur qui serait une femme, Fleur-femme, dont la grâce, le parfum se traduisent en cadences afin que tes sens aussi bien que ton âme puissent apprécier l hommage suprême! ▼LA FOULE▲ Ah! ▼CHOEUR▲ Ah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! (Les grisettes, en demi-cercle devant Louise, lui envoient d une rapide poussée, la Danseuse et c est comme une flèche lancée d un arc) ▼LE PAPE DES FOUS▲ O jolie! Soeur choisie! Harmonie et beauté! Poème de clarté! (Pendant cette scène, la Danseuse cueille des roses aux mains des grisettes, elle en fait un diadème, le montre à la foule, puis monte lentement les degrés du perron, s incline devant Louise, s incline devant elle et la couronne. Les grisettes drapent sur les épaules de Louise le châle brodé d argent, emblème de sa royauté) Gente fillette de Paris, en qui revient Juliette, Ophélie, ô charmante, Muse clémente! De tes chevaliers reçois l hommage. (Acclamations) ▼LA FOULE▲ Louise! Louise! (Les bohèmes s avancent vers Louise) ▼LES GRISETTES ET LES BOHEMES▲ (nerveux et vivant, entourant Louise) Louise, acceptes-tu d être reine de la Bohème? Louise, acceptes-tu d être Muse de la Butte Sacrée? (Acclamations de la foule) Réponds? (Louise, souriante, fait un timide geste d acquiescement. Un vieux bohème s avance solennellement. Les tambours rythment son chant. Mouvement de curiosité dans la foule) ▼LE VIEUX BOHEME▲ Au nom de la sacrée Bohème je te fais reine! (Louise se lève) Blanche comme une fée d espoir luis dans le soir! Que ton sourire de bonté sur nous épanche sa clarté! Sois accueillante aux affamés de pain et de beauté! Garde ta foi au bien-aimé! Ris-toi des lois! Et des bourgeois! De tous ceux qu importunent le rire et la joie De tous ceux que l envie a ligués contre toi! De tous ceux qui voudraient te refuser le droit de chanter à ta guise et d aimer à ton choix! (Energique) Contre tous, défends ta liberté! (mettant un genou en terre) Sois-nous fidèle. ▼LES GRISETTES▲ (s inclinant de même) Sois-nous fidèle. ▼LES BOHÈMES▲ (les imitant) Sois-nous fidèle! (Julien s approche à son tour) ▼JULIEN▲ O Jolie! Soeur choisie! (Louise prend une rose à son corsage et l offre à l amant) Choeur D apothéose ▼JULIEN▲ Je t aime! Je t aime! Je t aime! Je t aime! (Orgueilleusement, il prend Louise dans ses bras) ▼LOUISE▲ Julien, je t aime! Je t aime! Je t aime! ▼IRMA, CAMILLE▲ Ah! Ah! Fête des poètes! Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie! Les Grisettes (enthousiasmées) Amoureuse beauté! Ton chant de volupté éveille en nous une adorable ivresse, un désir de caresses, car ta félicité, ô Jolie! ▼LES BOHÈMES▲ (avec ferveur) Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée par nos rêves d éternité! Ô Jolie! (avec ferveur) Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée dans de l éternité! Ô Jolie! ▼LES GAMINS▲ (ahuris) C est renversant, épastrouillant, abracadabrant! (Toujours assis, ils se tournent vers Louise) Regardez-les, c qu ils sont chipés! Ah! Y a qu à Montmartr qu on voit ça! J en suis bleu, j en suis baba! C est plus bath qu à l Opéra! Hourrah! Hourrah! ▼LES GUEUX▲ (goguenards) S ils continuent y vont la rendre folle! Tant pis pour elle! Fallait pas qu elle y aille! Ell croit qu la grande vie ça vaut mieux que l travail! Quell folie! ▼JEUNES FILLES▲ (admiratives) Ah! Adorable beauté, chacune de nous t envie; car ta félicité, ô Jolie! ▼MERES▲ (indignées) Ah! Ah! Voyez, quelle effrontée! Dans son immoralité, dans son impudicité, elle oublie! ▼GARÇONS▲ (charmés) Ah! Ah! Quel frisson de volupté sur nos têtes vient de passer? Ô Jolie! ▼PERES▲ (méprisants) Ah! Ah! Admirez l absurdité de cette solennité! La folie est triomphante! ▼IRMA, CAMILLE, GARÇONS, BOHEMES▲ Tendre reine des amantes! ▼GRISETTES, JEUNES FILLES▲ C est le rêve des amantes! ▼BOHEMES▲ Muse clémente! ▼GAMINS▲ Pour la reine de Montmartre! ▼GUEUX▲ Tu n vois donc pas qu ils te mentent? ▼MERES▲ Qu ses parents, là-bas, s tourmentent! ▼LOUISE, JULIEN, IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Non, non, jamais rien ne séparera la Muse du Poète! l Amante de l Amant! Et Julien de Louise! ▼GARÇONS, BOHEMES▲ Salut, salut, salut, salut, salut à toi! ▼PERES▲ Voyez! Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Jamais, jamais, on n a vu ça. ▼GAMINS▲ Hourrah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! ▼GUEUX▲ Ah! Ah! Ah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! ▼JEUNES FILLES▲ Salut, salut, salut, salut à toi! ▼MERES▲ Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Comment peut-on tolérer ça? Comment peut-on tolérer ça? ▼PERES▲ Jamais, jamais, on n a vu ça. ▼GAMINS, GUEUX▲ Y a qu à Montmartre qu on voit ça! (Orgueilleusement enlacés, les deux amants sourient à la foule) ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! Ah! ▼JEUNES FILLES, GARÇONS, BOHEMES▲ À toi! ▼GAMINS, GUEUX▲ Tra la la la, tra la la la! Tra la la la tra la la la! ▼MERES, PERES▲ Holà, holà, holà, holà, Va-t-on fair taire ces gens-là? (La fanfare des Bohèmes, bannière en tête, défile devant Louise) ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Ohé, ohé, ohé, ohé, ohé, ohé! ▼MERES▲ À bas, à bas, à bas, à bas, à bas, à bas! ▼PERES▲ Holà, holà, holà, holà, holà, holà! (Feux De Bengale - Apothéose) ▼GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS, GAMINS, GUEUX▲ (rires) Ha, ha, ha, ha, ha! Ha, ha, ha, ah, ah! ▼MERES▲ À bas, à bas, à bas! ▼PERES▲ Holà, holà, holà! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Hourah! ▼MERES▲ À bas! ▼PERES▲ Holà! (Mais une rumeur vient du fond de l enclos. La foule s écarte avec stupeur. Un grand silence se fait. Sur le seuil du jardin, la mère de Louise, immobile, hésitant à entrer, apparaît comme le fantôme de la souffrance. Les bohèmes se massent devant le perron. Les grisettes entourent Louise défaillante. La foule, surprise s écarte avec pitié) ▼LES GUEUX▲ Ah! ▼LES MERES, LES PERES▲ Regardez! ▼LES BOHÈMES▲ Ah! ▼LES JEUNES FILLES, LES GARÇONS▲ Quelle est cette femme? ▼IRMA, CAMILLE, LES GRISETTES, LES GAMINS▲ Ah! ▼MERES, PERES▲ Que veut-elle? ▼JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Voyez! ▼LE PAPE DES FOUS▲ Ha! Ha! Ha! Ha! Ha! (Il se sauve en ricanant, suivi des filles de joie) ▼LOUISE▲ (cri) Ah! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! La mère de Louise! ▼GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ Ah! Ah! (Les porteurs d étendards, les musiciens et les danseuses disparaissent) ▼JULIEN▲ (se plaçant devant Louise; sourdement) Je te garde! ▼GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ La mère de la muse! ▼IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES▲ Ah! (La mère s approche de la maison, s avance avec timidité, comme éblouie par les lumières. Un groupe de bohèmes lui barre la route, mais le regard de la femme, le mystère, la souffrance qui émanent d elle, les font reculer malgré eux) ▼LES GUEUX▲ (ricanant) Ha, ha, ha, ha, ha! ▼LES GAMINS▲ (terrifiés) Allons-nous-en à quatre patt s, c est pas l moment d fair des épates! ▼GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS▲ Ah! Quelle affaire! ▼LES GUEUX▲ (goguenards) Adieu cochons, vache et couvée… ▼BOHEMES, MERES, PERES▲ Ah! Quelle affaire! ▼LE BRICOLEUR▲ Encore un rein de dégommée! ▼LES GUEUX▲ Ha, ha, ha, ha, ha! (D autres bohèmes s approchent; d un geste suppliant la mère les écarte) ▼LES GAMINS▲ (s éloignant) Gar les mornifl s et les peignées, y va pleuvoir des giroflées! (ils disparaissent) ▼JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES▲ (s éloignant) Ah! Quelle affaire! Quelle affaire! ▼LES GRISETTES▲ La mère de Louise! Ah! ▼LES GUEUX▲ (descendant les échafaudages) Adieu chansons, adieu chimèr s… ▼BOHEMES▲ La mère de Louise! ▼LE BRICOLEUR▲ Ah! Quel malheur d avoir un mère! (Ils disparaissent. Louise se relève, regarde autour d elle, voit sa mère, fait un geste d épouvante et s élance dans les bras de Julien. Quelques bohèmes s empressent autour d eux. Julien leur fait signe de s éloigner. La foule s éloigne) ▼TOUS▲ (hors du jardin) Ah! Ah! (À l approche de sa mère, Louise, impuissante à surmonter sa frayeur, se réfugie dans le vestibule. Julien, très ému, mais ferme, dans une attitude de défi, barre la route. Roulement lointain de tambours) Scène Quatrième ▼LA MÈRE▲ (humblement, à Julien) Je ne viens pas en ennemie… Je venais dire à Louise que son père est très souffrant et qu elle seule peut le sauver. ▼LOUISE▲ (à part, presque parlé) Mon père! ▼JULIEN▲ (à part) Que veut-elle faire? ▼LA MÈRE▲ (s avance, à Julien, simplement) Nous avions tout accepté, nous étions las de lutter, de chercher… et nous avions fait une croix sur la porte de sa chambre… (fatale) Elle était morte, bien morte pour nous. (suppliante) Mais aujourd hui que son père est au plus mal, je viens vous supplier, monsieur, de permettre à Louise de revenir chez nous… et ce sera la guérison de mon pauvre homme à la maison. ▼LOUISE▲ (se rapprochant, avec une vive émotion) Mon père est très malade? ▼LA MÈRE▲ (à Louise qui s est rapprochée) Il est bien mal depuis hier… (Julien manifeste sa méfiance et se tient à distance) Les premiers jours il versa mille larmes (cherchant à apitoyer Louise) Il allait et venait de la porte à la fenêtre, regardant… écoutant… espérant à chaque minute te voir revenir. La nuit comme le sommeil ne voulait pas de lui, pendant des heur s il se traînait dans l ombre, et gémissait… (Emotion croissante de Louise; elle mime inconsciemment les geste de sa Mère) et sanglotait… Un soir, je le surpris, sur le seuil de ta chambre, à genoux, et criant Louise! Louise! Mon enfant! m entends-tu?… ne suis-je plus ton père?… (changeant de ton) Puis il sembla se faire une raison et reprit sa vie d autrefois… enfin je crus qu il oubliait en le voyant parfois sourire à mes larmes… (souriant tristement) Hélas! je m étais trompée… Ton père n avait rien oblié… la douleur le minait, et plus il la cachait, plus il souffrait… (Louise et Julien échangent un regard compatissant) ▼LA MÈRE▲ (à Julien, dont la méfiance s est envolée) Seule une joie peut le sauver… Et vous pouvez la lui donner, en conseillant à Louise de revenir chez nous… (voyant une hésitation dans le geste de Julien) Oh! Elle sera libre maintenant! (aimable) Ce que nous voulons, c est l avoir un peu… nous l aimions depuis plus longtemps que vous… elle nous aimait avant de vous connaître… (silence) (suppliante) Oh! Monsieur! Vous ne voudriez pas que son père vous maudisse! (avec grandeur) La malédiction d un mourant vous poursuivrait toute la vie! (Le chiffonnier paraît sur le sentier au fond de la scène. Il fouille le ruisseau en s éclairant de sa lanterne. La douleur de Julien rend Louise indécise. La mère attend avec inquiétude) ▼LE CHIFFONNIER▲ Un père cherche sa fille qui était toute sa famille. (La mère reste figée dans son attitude suppliante) Mais une fille dans la cité, c est une aiguille dans un champ de blé! (Louise et Julien regardent le chiffonnier avec compassion Il s éloigne. L image du père de Louise s évoque devant eux. Leurs dernières hésitations s envolent) Pourquoi chercher et m obstiner. La grande ville a besoin de nos filles… ▼JULIEN▲ (à la mère) Promettez-moi de me rendre Louise? ▼LA MÈRE▲ (sans le regarder) Je le promets! (Lentement elle s éloigne. Louise se jette au cou de Julien) ▼LE CHIFFONNIER▲ (très loin, tristement) Tra la la la la la! Tra la la la la la! Elle est partie dans la nuit! ▼JULIEN▲ (décidé, avec déchirement) Allons, va, messagère de bonheur! Et n oublie pas que dès ce moment je vais compter toutes les heures! (Louise ôte le châle dont on l avait parée et le donne à Julien. La mère est à la porte du jardin. Louise la suit, troublée, s arrêtant à chaque pas. Sur un geste de Julien, elle revient vers lui, se jette dans ses bras. Les deux amants s étreignent avec folie, se séparent, s embrassent encore. Louise s éloigne à reculons, une main sur les lèvres. Au moment de disparaître, elle envoie un suprême baiser à Julien) ▼JULIEN▲ (lui tendant les bras, avec tendresse) Ô Jolie! (Il s élance vers la porte) ACTE III Prélude Vers la cité lointaine…Un jardinet au faîte de la butte Montmartre. A gauche, une petite maison sans étage, avec perron et vestibule découvert. A côté de la maison, à l avant-scène, un mur coupé d une petite porte. A droite, des échafaudages. Au fond, une haie; entre la haie et les échafaudages, une porte à claire-voie. Un sentier extérieur côtoie la haie; au-delà s étagent les toits des maisons voisines. Panorama de Paris. Le crépuscule est imminent Scène PremièreAu lever du rideau, Julien, assis, un livre à la main, près de la maison, semble plongé dans une méditation heureuse. Accoudée sur la rampe du perron, Louise, souriante, le regarde amoureusement, puis s approche LOUISE Depuis le jour où je me suis donnée, toute fleurie semble ma destinée. Je crois rêver sous un ciel de féerie, l âme encore grisée de ton premier baiser! JULIEN Louise! LOUISE Quelle belle vie! Mon rêve n était pas un rêve! Ah! Je suis heureuse! L amour étend sur moi ses ailes! Au jardin de mon coeur chante une joie nouvelle! Tout vibre, tout se réjouit de mon triomphe! Autour de moi tout est sourire, lumière et joie! Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! Quelle belle vie! Ah! je suis heureuse! trop heureuse… Et je tremble délicieusement au souvenir charmant du premier jour d amour! JULIEN Louise est heureuse? LOUISE se jetant dans ses bras Trop heureuse! JULIEN avec tendresse Tu ne regrettes rien? LOUISE Rien!… Que puis-je regretter?simplement A l atelier, parmi mes compagnes, j étais une étrangère, personne ne me comprenait et personne ne m aimait.sans acrimonie Chez nous, mon père me traitait toujours en petite fille.enfantement, avec rancune Et la mère Qui aime bien, châtie bien Ne perdait pas son temps avec moi! C était à tout moment, à propos de rien, des rebuffades, des attrapades gamine Pan! Pan! «ça t apprendra!» Pan! Pan! Attrap «celle-là!» «Mais ma mère!» «Vas-tu te taire?» «Je n ai rien fait!» «P tite effrontée!» «Pan! Pan! Pan! Pan! Pan! Pan!» JULIEN riant Ah! Ah! Ah! Ah! LOUISE sérieuse Et mon père la laissait faire… Il m aimait bien pourtant, mon pauvre père!… Mais il croyait tout ce qu inventait la jalouse elle avait fait de toi un tel portrait, critiquant ta conduite, ton métier, que mon père ne pouvait croire qu il me fût possible de t aimer. JULIEN moqueur La mère La Routine, le père Préjugé devaient bien s entendre! LOUISE imitant son père, sans trop de moquerie «A ton âge, disait-il, on voit tout beau, tout rose; prendre un mari, c est choisir une poupée»… JULIEN souriant Une poupée? LOUISE «Malheureusement, ces poupées-là, ma fille, vous font parfois pleurer bien des larmes» JULIEN riant Ah! Ah! Ah! Ah! Ah!ironique, sans éclat Les parents voudraient qu on restât le marmot dont la pensée sommeille à l ombre de leur volonté! Il fallait lui répondre, gentiment «Les poupées d amour ne sont pas toutes méchantes»… LOUISE «Comment veux-tu la choisir?» Disait mon père… JULIEN Avec mon coeur! LOUISE continuant l imitation «C est un bien mauvais juge» JULIEN avec impatience Pourquoi donc? LOUISE souriante, ironique «Qui dit amoureux, toujours dit aveugle» JULIEN s exaltant, mais sans colère Aveugle lui-même, d avoir méconnu la souveraineté de l amour!… Et d oser réclamer pour lui le droit d élire le maître de ta destinée!… LOUISE imitant les gestes paternels, sans moquerie «C est le droit de la vieillesse! Le droit de la sagesse!emphatique Le droit de l expérience!» JULIEN impétueux L expérience! Ha! Ha! Ha! L expérience! C est à dire la Routine, la Tradition, toute l oppression des préjugés stupides!à Louise, avec âpreté, d une voix sifflante L expérience qui voudrait Dieu lui-même en servage! L expérience lâche et tyrannique servante de l Envie qui se dresse à l entrée de la vie!véhément Les juvéniles chevauchées des passions! Tout l idéal, tout l amour, le vouloir, le génie, honnis, traqués, comme on traque l ignominie! O la misérable! O l odieuse! L infâme, l hypocrite, l inféconde expérience! LOUISE simplement Ainsi tout enfant a le droit de choisir lui-même le chemin du bonheur? JULIEN avec conviction et grandeur, sans emphase Tout être a le droit d être libre! Tout coeur a le devoir d aimer! Malheur à celui qui voudrait garrotter l originale et fière volonté d une âme qui s éveille et qui réclame sa part de soleil, sa part d amour!Le soir tombe. Les dernières lueurs du couchant dorent la ville LOUISE avec une émotion grandissante Les désirs de nos coeurs peuvent-ils sans remords briser d autres coeurs?… JULIEN farouche L égoïsme appelle l égoïsme! LOUISE L amour des parents n est-il donc que de l égoïsme? JULIEN Rien qu égoïsme! LOUISE Et mon père lui-même?… JULIEN s emballant Un égoïste plus aveugle que les autres!Louise fait un geste de reproche. Julien, regrettant ses paroles, s approche d elle et l entraîne doucement vers le fond du jardin JULIEN caressant Jolie! Tu regrettes d être venue?il l attire contre lui, avec tendresse, et lui montre la ville De Paris tout en fête, entends monter la joyeuse, l attrayante chanson! C est pour toi, petite muse, que la ville cette nuit s amuse!avec câlinerie Hors Paris, Louise ne serait pas Louise! Paris sans toi ne serait point Paris! Mignon symbole de la grande cité, je t aime en elle et je l adore en ta beauté! LOUISE extasiée O l attirante, la chère musique de la grande Ville! JULIEN enthousiaste La Ville m a donné la Fille… LOUISE gagnée par l enthousiasme L amour de la Fille te donnera la Ville! JULIEN Oui, tous deux nous marcherons à la conquête de la Cité merveilleuse! LOUISE Ta gloire aura mes yeux pour étoiles! JULIEN Par ton amour, j aurai la victoire! LOUISE Paris! JULIEN Paris! LOUISE Paris! JULIEN Paris! LOUISE, JULIEN Paris! Paris! Cité de force et de lumière! Paris! Paris! Paris! Splendeur première!Louise et Julien, aux bras l un de l autre, invoquent la Ville immense Paris! Paris! O Paris!La nuit est venue, la Ville peu à peu se revêt de lumières Cité de joie! Cité d amour! Sois douce à nos amours!ils s agenouillent Protège tes enfants!dramatique Garde-nous!… Défends-nous!Les amants, enlacés, immobiles, comme sous l enchantement du rêve glorieux d Avenir qui se lève devant eux, tendent les bras vers la ville LOUISE Julien! JULIEN Louise! LOUISE Vois la ville qui s éclaire… JULIEN C est le firmament sur terre… LOUISE Entends les mille voix… JULIEN Elles répondent à nos voix! LOUISE Regarde les lumières. JULIEN La ville tout entière se lève à ta prière! LOUISE avec enthousiasme Ah!Ils se relèvent lentement. Dans une apothéose de lumière, Paris semble fêter les amants LOUISE, JULIEN «Libres! Vous êtes libres!» Nous crie la ville immense. VOIX DE LA VILLE Femmes et Hommes Libres! LOUISE, JULIEN Libres, soyons libres, selon notre conscience! VOIX DE LA VILLE Libres! LOUISE Libres! JULIEN Libres! LOUISE Libres, dans l amour! VOIX DE LA VILLE Libres! JULIEN Libres, dans la vie! VOIX DE LA VILLE Libres! LOUISE Libres, toujours! JULIEN en interrogation Toujours? LOUISE décidée Toujours! JULIEN souriant Toujours! LOUISE souriante Toujours! JULIEN la pressant dans ses bras, avec tendresse Toujours! LOUISE se serrant contre lui - avec passion Toujours!Feu d artifice, lointain. Les amants, retombés sur le banc de verdure, s étreignent avec extase LOUISE Vois la belle nuit… JULIEN C est notre nuit de noces! LOUISE Ah! Je t aime!… JULIEN Tu m aimes?… LOUISE Je t aime!… JULIEN Oh! Le doux miracle… Je ne suis plus Julien, tu n es plus Louise! LOUISE se jetant sur lui passionnément Des baisers, Julien, des baisers! JULIEN se levant; calme, avec grandeur Nous sommes tous les amants fidèles à leurs serments! LOUISE agenouillée devant lui Ah! Le divin roman! JULIEN Nous sommes tous les êtres qui veulent vivre sans maîtres! LOUISE lui tendant les bras En mes bras sois mon maître! JULIEN Nous sommes toute les âmes que brûle la sainte flamme du désir!Il prend Louise dans ses bras LOUISE éperdue Suis-je sur terre? Je marche dans une féerie… JULIEN montrant la ville illuminée Regarde ton domaine!… LOUISE pâmée Vision fleurie!… JULIEN avec ferveur Ici loin de la peine, loin de l envie et de la haine, ton clair sourire de bonté rayonnera sur la cité. Et mes baisers, ô tendre soeur, te feront muse du bonheur! LOUISE éperdue; joyeuse, triomphante, impétueuse Ah! La parole idéale dont s enivre mon corps tout entier! Dis encore ta chanson de délices! Ta chanson victorieuse, ta chanson de printemps! JULIEN entraînant Avec tes baisers clos mes lèvres! Tes baisers valent mieux que mes chants de liesse! Baisers d aurore et de soleil! Baisers de feu! LOUISE frénétique Encor des baisers! Toujours des baisers! Mets sur ma lèvre toute leur fièvre! Encor des baisers! JULIEN Depuis le jour où je l ai prise toute, jamais Louise ne parut si belle! LOUISE pétulante Ce n est plus la petite fille?… JULIEN C est une femme nouvelle! LOUISE l enfant timide et craintive? JULIEN Non, c est l Amante éternelle! LOUISE C est une femme au coeur de flamme dont l être clame, dont l âme crie éperdument JULIEN Ah! Au souffle du Désir, Louise enfin s éveille! Hosanna! Hosanna! LOUISE Ah!claironnant, passionnée, juvénile impatiente Ah prends-moi vite, vite, mon bien-aimé, plus beau que les fiers chevaliers des contes bleus de la Légende! A mon appel hâte-toi d accourir!souriante Prince Charmant dont la caressetriomphante éveilla la petite Montmartroise au Coeur Dormant!ardente Viens dans mes bras, ô mon poète, ne suis-je pas ta conquête? Embrasse-moi… Fais-moi mourir sous tes baisers! JULIEN Ardente ivresse du baiser! O vertige, ô volupté! La chair de l amante a parlé elle appelle son maître… LOUISE A toi tout mon être! JULIEN Ton cher corps me désire? LOUISE Je veux du plaisir! JULIEN Prends-moi! LOUISE Ah! Jadis tu pris la vierge aimante toute naïve en son printemps, mais aujourd hui, l amante-femme veut à son tour prendre l Amant! Viens! O mon poète! Beau chevalier, ah! Sois ma conquête… Fais moi mourir sous tes baisers! JULIEN Ah! Bien aimée! Prends ton poète! Ah! Emporte ta conquête… Fais-moi mourir sous tes baisers! LOUISE pâmée C est le paradis! JULIEN Non, c est la vie!… LOUISE C est une féerie… JULIEN Non, c est la vie, l éternelle, la toute-puissante vie!Appels lointains de trompettes. Les deux amants se dirigent vers la maison. Indifférente à tout ce qui les entoure, les yeux dans les yeux, les lèvres appelant les lèvres, ils montent lentement le perron. Au loin, bouquet de feu d artifice. D un geste passionné, Louise entraîne Julien dans la maison. Après un dernier regard vers la ville, ils disparaissent. Tambours lointains Scène DeuxièmeUn bohème apparaît sur le sentier; il saute la haie, se dirige vers la maison, regarde la fenêtre éclairée, et fait un geste d appel vers la ville. Le premier bohème sonne un appel. Un autre bohème surgit de la même manière; le premier va à sa rencontre LE DEUXIEME BOHEME au premier Ils sont là?Sonne la trompette. Il lui montre la fenêtre dont la lumière s éteint subitement, puis ouvre la porte à trois camarades porteurs d un paquet volumineux qu ils déballent en hâte. Ils en tirent des oriflammes, des draperies, des lanternes vénitiennes, dont ils décorent la façade, le perron et le vestibule de la maison. Au loin retentissent des clameurs, des chants, des fanfares de fête. Les lumières de la ville semblent s avancer vers la Butte. Roulement lointain de tambours. Rumeurs joyeuses. Chants lointains OUVRIERS, BOHEMES, GENS DE LA BUTTE lointains Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! LA FOULE Enfants, lointain N en mangez pas, jeun s fill s, ça fait grossir! GRISETTES ET BOHEMES Régalez-vous, mesdam s, voilà l plaisir! LA FOULE Enfants N en mangez pas, messieurs, ça fait mourir!Cris lointains Vivent les Bohèmes! ENFANTS La la la la la… CHOEUR La la la la la…Peu à peu des badauds, rôdeurs et rôdeuses, se massent à l entrée du jardin. Des gueux apparaissent, grimpés sur les échafaudages des maisons voisines et sur le mur de clôture. Des bandes de gamins traversent le sentier en courant. Dans la rue placée en contrebas, on voit passer des lampions et les bannières des bohèmes. Le premier groupe des gens de la Butte paraît sur le chemin RODEURS, RODEUSES à la porte du jardin Honneur aux bohèmes! Gloire aux faiseurs de poèmes! Gloire aux belles qui les aiment! Hourrah!Quelques grisettes, précédant la bande, accourent sur le perron, pour mieux voir. Les gens de la Butte les suivent dans un effarement plutôt comique. Rumeurs prolongées LES MERES ET LES PERES Que vienn nt faire ces gens-là avec tout leur tralala? Regardez ces filles, ah! En ont-ell s des falbalas! LES MERES Quell misère… Si j étais leur mère! LES PERES Quell misère… Si j étais leur père! LES GAMINS s appelant à l entrée du jardin Ohé! Ohé! LES GUEUX assis sur les échafaudages Ohé! Ohé! LES FILLETTES ET LES GARÇONS C est ici qu ils vont s amuser… LES GAMINS entrant, telle une nuée de moineaux, marquant un pas sur chaque temps Le bourgeois voudrait les pendr d un seul coup! La bourgeois voudrait se pendr A leur cou! MERES ET PERES causant entre eux Quelle extravagation, quelle dépravation! C est l abomination de la désolation! LES FILLETTES entre elles Ils vont chanter, rire et danser… Et peut-être nous embrasser… LES GARÇONS entre eux Ils vont chanter, rire et danser… Et nous montrer leurs fiancées… DES GUEUX rires Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. LES GAMINS Mais la quille, plus maligne, de son oeil tranquille cligne ils s arrêtent; avec drôlerie «O chaleur! Quel malheur!… Attendez-moi tout à l heur !»Des gardes municipaux paraissent galopant des chevaux fantasques. Ils poursuivent les gamins qui se réfugient sur le perron FILLETTES, GARÇONS, GUEUX se montrant les bannières Ah!Paraissent les porteurs d oriflammes, de bannières et de lanternes. Le chansonnier, le peintre, le sculpteur, les philosophes, l étudiant, le jeune poète et les bohèmes du 2e acte sont disséminés dans les différents groupes travestis. Ils s alignent au fond de la scène. Des grisettes et des bohèmes, bizarrement travestis, entrent en farandole et font plusieurs fois le tour du jardin, gambadant, sautant, et se livrant à mille excentricités LES BOHEMES, PORTEURS D ORIFLAMMES criant Place! Bonn s gens, élargissez-vous! Place! Bonn s gens, élargissez-vous! MERES ET PERES Voyez, voyez, cris d ahurissement ah! Voyez, voyez,riant ha, ha, ha, ha, ha, FILLETTES ET GARÇONS Voyez ces bannières! Toutes ces lumières LES GUEUX riant ironiquement Ha, ha, ha, ha, ha. Ha, ha, ha, ha, ha, LES BOHEMES, PORTEURS DE LANTERNES Place! Bonn s gens, élargissez-vous! LES GAMINS Les voici, les voici, les voici… LES GRISETTES riant Ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha, ha. GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX Il y a des êtres qui s ennuient… TOUS … y en a d autr s qui n s ennuient pas! GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS Ha! Ha! Ha! GAMINS, BOHEMES, MERES, PERES, GUEUX Il y a en a qui ont du génie… TOUS … y en a d autr s qui n en ont pas! GRISETTES, BOHEMES, FILLETTES, GARÇONS Ha! Ha! Ha! LES GAMINS se moquant de la foule Voyez donc ces têtes, ces binettes! BOHEMES Viv la rigolade! MERES, PERES Voyez ces bannières! LES GUEUX Vivent les artistes! Gloire aux anarchistes! LES GAMINS Voyez donc ces têt s qu ils ont! GRISETTES, BOHEMES Viv la rigolade! FILLETTES, GARÇONS Quelle sérénade! MERES, PERES Toutes ces lumières! LES GAMINS Conspuez! Conspuez! Conspuez! GRISETTES, BOHEMES Dans un royal bacchanal! Loin du flic et du cipal, chantons, chantons, notre hymne triomphal! LES GUEUX En l honneur des étudiants, compagnons, battons un ban.ils battent bruyamment les mains en cadence FILLETTES, GARÇONS, MERES, PERES Quel étrange carnaval, quel infernal bacchanal! Ils sont fous, ils sont saouls, ils mett nt tout sens dessus d ssous!A la porte de l enclos, apparaît le cortège du Plaisir. Sur un char escorté par les Filles de Joie, le Noctambule, costumé en Pape des Fous, entre solennellement CHOEUR sauf les Mères et les Pères Jour d allégresse Et jour d amour Sur la Butte en liesse!Le cortège se range à l avant-scène, devant la maison Tout est rose, Tout flamboie, C est la joie, L apothéose!Deux Bohèmes, travestis en âne et en singe, vont se placer de chaque côté du perron Voici venir Les divins gueux Aux longs cheveux, Les jeunes dieux! ENFANTS Les chercheurs d absolu, CHOEUR Oyez ces cris. De tous côtés c est la joie de Paris aux pieds de la Beauté! ENFANTS Les épris d inconnu, voici venir les fiers élus de l avenir! CHOEUR Les épris d inconnu, les élus de l avenir!Louise paraît sur le perron très émue. Ses amies s empressent autour d elle. Julien se joint aux Bohèmes JULIEN, IRMA, CAMILLE, BLANCHE, ELISE, MADELEINE, GERTRUDE, LA PREMIERE, SUZANNE, MARGUERITE Gloire à la Muse dont la lèvre fleurie jamais rien ne refuse à son poète qui la prie! CHOEUR Riez! Chantez! C est la joie. Riez! Dansez! Tout flamboie! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose! Gloire au génie des fils de l harmonie, riches d éternité, quoique vêtus de pauvreté! Tout flamboie! C est la joie. L apothéose!Bravos prolongés de la foule. Un Bohème, grimpé sur le toit de la maison, s adresse à la Foule UN BOHEME Bonn s gens! Bonn s gens! Habitants de Paris, venez tous admirer Louise la jolie! C est un gentille p tite ouvrière que les bohèmes, rois de misère, vont sacrer Muse de leur chimère! LA FOULE surprise Une Muse? Une Muse à Montmartre! UN BOHEME En l honneur de Louise que la danse commence.Louise, rougissante d émotion et de plaisir, s assied sur le perron. Ses amies prennent place derrière elle. Les gamins, tenant des roses, s entassent sur les marches du perron. Julien et les bohèmes se groupent à gauche contre la maison. La foule, repoussée contre le mur et les haies de l enceinte, devient peu à peu silencieuse. En une chaîne gracieuse et colorée, des grisettes travesties s adossent au public, et forment, devant Louise, un large demi-cercle au centre duquel apparaît la Danseuse PREMIER GROUPE Approchons. Holà! Ne poussez pas ainsi! Nous voulons voir! Vous ne passerez pas. DEUXIEME GROUPE Je garde ma place. - C était la mienne. J y étais avant vous! Menteuse. - Imbécile. - Malhonnête. TROISIEME GROUPE Vous m écrasez. - Je m en moque. Aïe, butor. - Abruti. - Malappris. Vieux singe! QUATRIEME GROUPE Laissez-moi passer. - Non, allez ailleurs. Vieux fourneau! - Hein vous dites? Mange, fumier! LES GAMINS assis sur le perron Y a d quoi s mordre! Ohé! Les poires! Voyez tableau! LES GUEUX sur les échafaudages C est la fête! C est la fête! Ohé!… Rapineurs, pique-assiettes, refileurs de comète, ouvrez l oeil, car pour vous l Opéra va danser! LES BOHÈMES maintenant la foule Faites place aux danseuses! Divertissement Scène Troisième Couronnement Dde La muse… LE PAPE DES FOUS se levant Par Mercure aux pieds légers, puisque s ouvre ici la Cour d amour, m est avis, messeigneurs, qu il vous sied de céder le verbe au poète superbe et seul idoine à louangerrires dans la fouleemphatique que voici.Il va vers la foule de droite et s incline ironiquement; puis, vers la foule de gauche, s incline de nouveau, esquisse quelques entrechats, gambade autour des grisettes, et après une pirouette finale, fait un geste mystérieuse à la Danseuse. Surgissent du fond de la scène les ballerines qui s éparpillent, se groupent, font la roue, puis mystérieusement s écartent, découvrant la Danseuse LE PAPE DES FOUS à Louise, montrant la Danseuse O jolie!Celle-ci, comme suggestionnée, tourne sur elle-même, s avance vers lui Cette danseuse est une fleur de vie faite d un peu de chacun de nous tous.Les grisettes prennent part à la danse Et cette fleur vivante, c est notre âme. Sous la forme d une fleur qui serait une femme, Fleur-femme, dont la grâce, le parfum se traduisent en cadences afin que tes sens aussi bien que ton âme puissent apprécier l hommage suprême! LA FOULE Ah! CHOEUR Ah! Hourrah! Hourrah! Hourrah!Les grisettes, en demi-cercle devant Louise, lui envoient d une rapide poussée, la Danseuse et c est comme une flèche lancée d un arc LE PAPE DES FOUS O jolie! Soeur choisie! Harmonie et beauté! Poème de clarté!Pendant cette scène, la Danseuse cueille des roses aux mains des grisettes, elle en fait un diadème, le montre à la foule, puis monte lentement les degrés du perron, s incline devant Louise, s incline devant elle et la couronne. Les grisettes drapent sur les épaules de Louise le châle brodé d argent, emblème de sa royauté Gente fillette de Paris, en qui revient Juliette, Ophélie, ô charmante, Muse clémente! De tes chevaliers reçois l hommage.Acclamations LA FOULE Louise! Louise!Les bohèmes s avancent vers Louise LES GRISETTES ET LES BOHEMES nerveux et vivant, entourant Louise Louise, acceptes-tu d être reine de la Bohème? Louise, acceptes-tu d être Muse de la Butte Sacrée?Acclamations de la foule Réponds?Louise, souriante, fait un timide geste d acquiescement. Un vieux bohème s avance solennellement. Les tambours rythment son chant. Mouvement de curiosité dans la foule LE VIEUX BOHEME Au nom de la sacrée Bohème je te fais reine!Louise se lève Blanche comme une fée d espoir luis dans le soir! Que ton sourire de bonté sur nous épanche sa clarté! Sois accueillante aux affamés de pain et de beauté! Garde ta foi au bien-aimé! Ris-toi des lois! Et des bourgeois! De tous ceux qu importunent le rire et la joie De tous ceux que l envie a ligués contre toi! De tous ceux qui voudraient te refuser le droit de chanter à ta guise et d aimer à ton choix!Energique Contre tous, défends ta liberté!mettant un genou en terre Sois-nous fidèle. LES GRISETTES s inclinant de même Sois-nous fidèle. LES BOHÈMES les imitant Sois-nous fidèle!Julien s approche à son tour JULIEN O Jolie! Soeur choisie!Louise prend une rose à son corsage et l offre à l amant Choeur D apothéose JULIEN Je t aime! Je t aime! Je t aime! Je t aime!Orgueilleusement, il prend Louise dans ses bras LOUISE Julien, je t aime! Je t aime! Je t aime! IRMA, CAMILLE Ah! Ah! Fête des poètes! Ô Jolie! Ô Jolie! Ô Jolie! Les Grisettes enthousiasmées Amoureuse beauté! Ton chant de volupté éveille en nous une adorable ivresse, un désir de caresses, car ta félicité, ô Jolie! LES BOHÈMES avec ferveur Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée par nos rêves d éternité! Ô Jolie!avec ferveur Harmonie et beauté! Poème de clarté! Parisienne sculptée dans de l éternité! Ô Jolie! LES GAMINS ahuris C est renversant, épastrouillant, abracadabrant!Toujours assis, ils se tournent vers Louise Regardez-les, c qu ils sont chipés! Ah! Y a qu à Montmartr qu on voit ça! J en suis bleu, j en suis baba! C est plus bath qu à l Opéra! Hourrah! Hourrah! LES GUEUX goguenards S ils continuent y vont la rendre folle! Tant pis pour elle! Fallait pas qu elle y aille! Ell croit qu la grande vie ça vaut mieux que l travail! Quell folie! JEUNES FILLES admiratives Ah! Adorable beauté, chacune de nous t envie; car ta félicité, ô Jolie! MERES indignées Ah! Ah! Voyez, quelle effrontée! Dans son immoralité, dans son impudicité, elle oublie! GARÇONS charmés Ah! Ah! Quel frisson de volupté sur nos têtes vient de passer? Ô Jolie! PERES méprisants Ah! Ah! Admirez l absurdité de cette solennité! La folie est triomphante! IRMA, CAMILLE, GARÇONS, BOHEMES Tendre reine des amantes! GRISETTES, JEUNES FILLES C est le rêve des amantes! BOHEMES Muse clémente! GAMINS Pour la reine de Montmartre! GUEUX Tu n vois donc pas qu ils te mentent? MERES Qu ses parents, là-bas, s tourmentent! LOUISE, JULIEN, IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Non, non, jamais rien ne séparera la Muse du Poète! l Amante de l Amant! Et Julien de Louise! GARÇONS, BOHEMES Salut, salut, salut, salut, salut à toi! PERES Voyez! Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Jamais, jamais, on n a vu ça. GAMINS Hourrah! Hourrah! Hourrah! Hourrah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! GUEUX Ah! Ah! Ah! Y a qu à Montmartre qu on voit ça! JEUNES FILLES Salut, salut, salut, salut à toi! MERES Voyez! Voyez! Ah! Ah! Ah! Comment peut-on tolérer ça? Comment peut-on tolérer ça? PERES Jamais, jamais, on n a vu ça. GAMINS, GUEUX Y a qu à Montmartre qu on voit ça!Orgueilleusement enlacés, les deux amants sourient à la foule IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah! Ah! JEUNES FILLES, GARÇONS, BOHEMES À toi! GAMINS, GUEUX Tra la la la, tra la la la! Tra la la la tra la la la! MERES, PERES Holà, holà, holà, holà, Va-t-on fair taire ces gens-là?La fanfare des Bohèmes, bannière en tête, défile devant Louise IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS Ohé, ohé, ohé, ohé, ohé, ohé! MERES À bas, à bas, à bas, à bas, à bas, à bas! PERES Holà, holà, holà, holà, holà, holà!Feux De Bengale - Apothéose GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS, GAMINS, GUEUX rires Ha, ha, ha, ha, ha! Ha, ha, ha, ah, ah! MERES À bas, à bas, à bas! PERES Holà, holà, holà! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES, GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS Hourah! MERES À bas! PERES Holà!Mais une rumeur vient du fond de l enclos. La foule s écarte avec stupeur. Un grand silence se fait. Sur le seuil du jardin, la mère de Louise, immobile, hésitant à entrer, apparaît comme le fantôme de la souffrance. Les bohèmes se massent devant le perron. Les grisettes entourent Louise défaillante. La foule, surprise s écarte avec pitié LES GUEUX Ah! LES MERES, LES PERES Regardez! LES BOHÈMES Ah! LES JEUNES FILLES, LES GARÇONS Quelle est cette femme? IRMA, CAMILLE, LES GRISETTES, LES GAMINS Ah! MERES, PERES Que veut-elle? JEUNES FILLES, GARÇONS Voyez! LE PAPE DES FOUS Ha! Ha! Ha! Ha! Ha!Il se sauve en ricanant, suivi des filles de joie LOUISE cri Ah! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah! La mère de Louise! GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES Ah! Ah!Les porteurs d étendards, les musiciens et les danseuses disparaissent JULIEN se plaçant devant Louise; sourdement Je te garde! GAMINS, GUEUX, JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES La mère de la muse! IRMA, CAMILLE, GRISETTES, BOHEMES Ah!La mère s approche de la maison, s avance avec timidité, comme éblouie par les lumières. Un groupe de bohèmes lui barre la route, mais le regard de la femme, le mystère, la souffrance qui émanent d elle, les font reculer malgré eux LES GUEUX ricanant Ha, ha, ha, ha, ha! LES GAMINS terrifiés Allons-nous-en à quatre patt s, c est pas l moment d fair des épates! GRISETTES, JEUNES FILLES, GARÇONS Ah! Quelle affaire! LES GUEUX goguenards Adieu cochons, vache et couvée… BOHEMES, MERES, PERES Ah! Quelle affaire! LE BRICOLEUR Encore un rein de dégommée! LES GUEUX Ha, ha, ha, ha, ha!D autres bohèmes s approchent; d un geste suppliant la mère les écarte LES GAMINS s éloignant Gar les mornifl s et les peignées, y va pleuvoir des giroflées!ils disparaissent JEUNES FILLES, GARÇONS, MERES, PERES s éloignant Ah! Quelle affaire! Quelle affaire! LES GRISETTES La mère de Louise! Ah! LES GUEUX descendant les échafaudages Adieu chansons, adieu chimèr s… BOHEMES La mère de Louise! LE BRICOLEUR Ah! Quel malheur d avoir un mère!Ils disparaissent. Louise se relève, regarde autour d elle, voit sa mère, fait un geste d épouvante et s élance dans les bras de Julien. Quelques bohèmes s empressent autour d eux. Julien leur fait signe de s éloigner. La foule s éloigne TOUS hors du jardin Ah! Ah!À l approche de sa mère, Louise, impuissante à surmonter sa frayeur, se réfugie dans le vestibule. Julien, très ému, mais ferme, dans une attitude de défi, barre la route. Roulement lointain de tambours Scène Quatrième LA MÈRE humblement, à Julien Je ne viens pas en ennemie… Je venais dire à Louise que son père est très souffrant et qu elle seule peut le sauver. LOUISE à part, presque parlé Mon père! JULIEN à part Que veut-elle faire? LA MÈRE s avance, à Julien, simplement Nous avions tout accepté, nous étions las de lutter, de chercher… et nous avions fait une croix sur la porte de sa chambre…fatale Elle était morte, bien morte pour nous.suppliante Mais aujourd hui que son père est au plus mal, je viens vous supplier, monsieur, de permettre à Louise de revenir chez nous… et ce sera la guérison de mon pauvre homme à la maison. LOUISE se rapprochant, avec une vive émotion Mon père est très malade? LA MÈRE à Louise qui s est rapprochée Il est bien mal depuis hier…Julien manifeste sa méfiance et se tient à distance Les premiers jours il versa mille larmes cherchant à apitoyer Louise Il allait et venait de la porte à la fenêtre, regardant… écoutant… espérant à chaque minute te voir revenir. La nuit comme le sommeil ne voulait pas de lui, pendant des heur s il se traînait dans l ombre, et gémissait…Emotion croissante de Louise; elle mime inconsciemment les geste de sa Mère et sanglotait… Un soir, je le surpris, sur le seuil de ta chambre, à genoux, et criant Louise! Louise! Mon enfant! m entends-tu?… ne suis-je plus ton père?…changeant de ton Puis il sembla se faire une raison et reprit sa vie d autrefois… enfin je crus qu il oubliait en le voyant parfois sourire à mes larmes…souriant tristement Hélas! je m étais trompée… Ton père n avait rien oblié… la douleur le minait, et plus il la cachait, plus il souffrait…Louise et Julien échangent un regard compatissant LA MÈRE à Julien, dont la méfiance s est envolée Seule une joie peut le sauver… Et vous pouvez la lui donner, en conseillant à Louise de revenir chez nous…voyant une hésitation dans le geste de Julien Oh! Elle sera libre maintenant!aimable Ce que nous voulons, c est l avoir un peu… nous l aimions depuis plus longtemps que vous… elle nous aimait avant de vous connaître…silencesuppliante Oh! Monsieur! Vous ne voudriez pas que son père vous maudisse!avec grandeur La malédiction d un mourant vous poursuivrait toute la vie!Le chiffonnier paraît sur le sentier au fond de la scène. Il fouille le ruisseau en s éclairant de sa lanterne. La douleur de Julien rend Louise indécise. La mère attend avec inquiétude LE CHIFFONNIER Un père cherche sa fille qui était toute sa famille.La mère reste figée dans son attitude suppliante Mais une fille dans la cité, c est une aiguille dans un champ de blé!Louise et Julien regardent le chiffonnier avec compassion Il s éloigne. L image du père de Louise s évoque devant eux. Leurs dernières hésitations s envolent Pourquoi chercher et m obstiner. La grande ville a besoin de nos filles… JULIEN à la mère Promettez-moi de me rendre Louise? LA MÈRE sans le regarder Je le promets!Lentement elle s éloigne. Louise se jette au cou de Julien LE CHIFFONNIER très loin, tristement Tra la la la la la! Tra la la la la la! Elle est partie dans la nuit! JULIEN décidé, avec déchirement Allons, va, messagère de bonheur! Et n oublie pas que dès ce moment je vais compter toutes les heures!Louise ôte le châle dont on l avait parée et le donne à Julien. La mère est à la porte du jardin. Louise la suit, troublée, s arrêtant à chaque pas. Sur un geste de Julien, elle revient vers lui, se jette dans ses bras. Les deux amants s étreignent avec folie, se séparent, s embrassent encore. Louise s éloigne à reculons, une main sur les lèvres. Au moment de disparaître, elle envoie un suprême baiser à Julien JULIEN lui tendant les bras, avec tendresse Ô Jolie!Il s élance vers la porte Charpentier,Gustave/Louise/IV
https://w.atwiki.jp/mtgflavortext/pages/11184.html
imageプラグインエラー ご指定のファイルが見つかりません。ファイル名を確認して、再度指定してください。 (Skeletal Changeling.jpg) 変わり身自身には真の肉も骨も無いが、どちらも同じぐらい容易く模倣する。 Though they lack true flesh and bone of their own, changelings imitate either with equal ease. ローウィン 【M TG Wiki】 名前
https://w.atwiki.jp/satoschi/pages/337.html
中央狭義バントゥーK諸語 Niger-Congo Atlantic-Congo【alv】 Volta-Congo Benue-Congo Bantoid Southern Bantoid Narrow Bantu Central Narrow Bantu Central Narrow Bantu K languages Chokwe-Luchazi (K.20) —チョクウェ=ルチャジ語 Chokwe【cjk】—チョクウェ語 Luchazi【lch】—ルチャジ語 Luvale【lue】—ルヴァレ語 Luimbi【lum】—ルインビ語 Mbunda【mck】—ンブンダ語 Mbwela【mfu】—ムブウェラ語 Nyemba【nba】— Nkangala【nkn】— Nyengo【nye】—ニェンゴ語 Diriku (K.70) — Diriku【diu】— Holu (K.10) —ホル諸語 Holu【hol】—ホル語 Kwese【kws】—クウェセ語 Phende【pem】— Samba【smx】—サンバ語 Kwangwa (K.40) —クワングワ諸語 Kwangali【kwn】—クワンガリ語 Luyana【lyn】—ルヤナ語 Mashi【mho】—マシ語 Mbukushu【mhw】—ムブクシュ語 Mbowe【mxo】—ンボウェ語 Simaa【sie】—シマー語 Mbala (K.60) —ンバラ語 Mbala【mdp】—ンバラ語 Salampasu-Ndembo (K.30) —サランパス= Lunda【lun】—ルンダ語 Ruund【rnd】—ルウンダ語 Salampasu【slx】—サランパス語 Subia (K.50) — Fwe【fwe】—フェ語 Subiya【sbs】—スビヤ語 Totela【ttl】—トテラ語
https://w.atwiki.jp/handover/pages/30.html
As a successor of Hiro, Kei has appointed a person in charge of financial system. After coming to the office, she has to revise the Tax class due to the revision of the tax law, and she found a method to calculate a value that is not used at all in the class. She tried to ask Hiro about the method, but he was assigned overseas and she cannot contact with him quickly. Kei tried to investigate the reason of the method by herself. She looked up the documents of Tax class program comments, design documents, specifications etc, which seemed to be relevant, but there was no reference about the reason for the existence of that method. How should the successor cope with the unknown problem after the personnel change? Kei asked about the necessity of the method for Yoshiaki and Joe and others who seemed to be related, but they did not know. There are other documents for the financial system, such as minutes of the review meeting at the time of development and settlement at the time of procurement, but it seems irrelevant to the method. Investigate materials that seems to be irrelevant. Kei decided to investigate the material which seems not to be directly related. As a result, in the minutes of the review meeting at the time of development, the method was pointed out as a mistake and neede to be deleted. Kei deleted unnecessary methods at the timing of repair. It is easier to execute this pattern if an Understandable contents is done. If you can ask your predecessor by Securing an emergensy contact, you do not need to execute this pattern. In addition, if the surrounding material is old, it may be different from actual circumstances. It is important to collect Witnesses for the knowledge and to obtain confirmation.
https://w.atwiki.jp/infinityengine/pages/17.html
index Special AbilitiesFind Traps Detecting Secret Doors Druidic Shape ChangeRacial Enemy Hit Dice Identify Items Infravision Lay Hands Lore Magic Resistance Protection from Evil Specialization Spell Casting Stealth (Hide in Shadows/Move Silently) and Backstab Thieving (Pick Pockets, Open Locks, Remove Traps) Turning Undead Special Abilities Find Traps Thieves can select the find traps mode, and they will continually look around for traps. The traps have a random chance of being found by the thief at any time, so moving slowly can make finding more likely. If a thief chooses any other action, he is unable to find traps until this mode is reselected. Detecting Secret Doors Each character has their secret door detection ability on at all times. Their chances are calculated using the following Mage 5% Thief 15% Fighter 10% Cleric 10% Depending on Race, they also get a bonus Elf 20% Dwarf 10% Halfling 5% When a thief has his find traps ability on, he has a 100% chance to detect secret doors. Druidic Shape Change At higher levels druids can change their shape into three different animals, each once per day. They can choose to transform into either a brown bear, black bear, or wolf. The animals will perhaps have more hit points, faster movement rates, or claw and bite attacks that are quite damaging. These can come in quite handy in combat situations. Racial Enemy Rangers tend to focus their efforts against one particular type of creature. When the ranger encounters that enemy, he gains a +4 bonus to his attack rolls. However, the Ranger suffers a -4 penalty to all encounter reactions with these creatures as well. Hit Dice As characters go up levels, their number of hit points increase based on their Hit Dice. Each class has a different hit die which reflects their ability to avoid damage in combat. For example, fighters have a d10, which indicates that they gain between 1 and 10 hit points when going up a level. A mage, on the other hand, being a poor fighter, gains only 1 to 4 hit points when going up a level. The number of Hit Dice each class receives is shown on pg 139. Identify Items Whenever you R-click on an item, the lore skill of your character is compared to the lore value of the item under consideration. If the lore skill is high enough, you successfully identify the item so that you can see what it does. If you cannot identify an item with any of your characters you can always cast the Identify item or take the item to a store or temple and have it identified (for a price!). Infravision Infravision allows you to see more clearly in the dark by revealing the heat generated by bodies. All warm blooded creatures appear as red shapes if they are in the dark, at night. Undead or cold blooded creatures are not affected by this spell or ability. Elves, half-elves, gnomes, and dwarves use this ability automatically at night or in dark conditions. Mages can cast it as a spell. Lay Hands A paladin can heal himself or others by laying his hands upon them. A paladin can heal 2 hit points per experience level in this manner. This ability is usable once per day. Lore Each character has a lore rating. Every item has a lore value. If a character’s lore rating is equivalent or higher than an items lore value, then he may identify that item. As characters gain levels, they are able to identify items based on their experience. This is listed in the table below Bard 10 lore rating per level. Thief 3 lore rating per level. Mage 3 lore rating per level. All other classes 1 lore rating per level. The player receives bonuses and penalties to their lore based on their Intelligence and Wisdom. The modifier is not cumulative with each level, but each ability bonus is applied separately. It is a one time bonus at character creation. See the tables on page 136 for ability bonuses and modifiers. (E.g. A character with 18 Wisdom (+10) and 15 Intelligence (+5) would have +15 to Lore.) Magic Resistance Magic resistance enables a creature to ignore the effects of spells and spell-like powers. If a creature fails to avoid a spell due to magic resistance, he or she can still make a saving throw against that spell to avoid the effects. Protection from Evil Paladins have an innate ability to provide protection from the forces of evil. They can use this ability at will through the Special Abilities button. The effect is identical to the 1st-level wizard spell Protection from Evil. Specialization Fighters, paladins, and rangers can train and hone their weapons skills to higher levels than other classes. This is accomplished by assigning more proficiencies to a single weapon. The effects of specialization are shown below Level of Proficiency Points Spent Bonus To Hit Bonus Damage Attacks per Round** Proficient 1 0 0 1 Specialized* 2 +1 +2 3/2 Master 3 +3 +3 3/2 High Master 4 +3 +4 3/2 Grand Master 5 +3 +5 2 *Note that paladins and rangers cannot hone their weapon skills beyond “specialized.” **Note that this refers to attacks with melee weapons only, and that Fighters, Rangers, and Paladins also gain an extra attack at level 7. Spell Casting See Magic and the Spell System in Baldur’s Gate on pg 95. Stealth (Hide in Shadows/Move Silently) and Backstab Thieves can choose to enter the stealth mode – effectively becoming invisible for a time – by selecting the stealth mode. Once invisible, their next attack is a backstab for either 2x, 3x, or 4x damage – depending on the level of the thief. Moving around risks detection. As well, once a thief attacks the stealth mode is ended until successfully reselected. The thief must be out of his enemy’s direct line of sight before he can hide once more. Thieving (Pick Pockets, Open Locks, Remove Traps) Thieves can pick pockets (random chance of an item carried by the hapless victim), pick locks, and remove traps as well. This is achieved by selecting the thieving button and clicking on the target. Turning Undead One important, and potentially life-saving, combat ability available to priests and paladins is the ability to turn undead. Druids cannot turn undead. Through the priest or paladin, the deity manifests a portion of its power, terrifying evil, undead creatures or blasting them right out of existence. However, since the power must be channeled through a mortal vessel, success is not always assured. This ability is a mode selection for that character – nothing else can be attempted while he or she is attempting to turn undead. Good priests and paladins can turn undead so they lose morale and run away, or (less often) destroy them outright. Evil priests can sometimes gain control of undead, who can then perform actions for the priest.
https://w.atwiki.jp/ra3wiki/pages/32.html
Soviets Chapter 1 Leningrad 〜レニングラード〜 Premier Cherdenko recruits the new Commander and assigns him to defend Leningrad against the invading Empire of the Rising Sun. チェルデンコ書記長は新司令官を任命し、"日出づる帝国"からの侵略を阻止するためレニングラードに派遣する。 SUBTITLE SFS01_01=*[9.9 1.6]Ah, Commander! [チェルデンコ書記長]司令官! SUBTITLE SFS01_02=*[12.1 4.3]As you can see, our situation is shockingly grim. [チェルデンコ書記長]知っての通り、我々の置かれている状況はひどく厳しい。 SUBTITLE SFS01_03=*[17.1 4.9]All our divisions are concentrated in Europe, pushing the Allies west. [チェルデンコ書記長]我々の全師団をヨーロッパに集中し、連合軍を西へ追いやっているところだ。 SUBTITLE SFS01_04=*[23 5]This "Empire" knows very well that we're vulnerable right now. [チェルデンコ書記長]"帝国"は現在、我々が手薄で攻撃を受けやすいことを良く分かっている。 SUBTITLE SFS01_05=*[28.3 3]They will be expecting us to fall swiftly. [チェルデンコ書記長]奴らは我々を迅速に崩壊できると予測しているだろう。 SUBTITLE SFS01_06=*[32 6]At this very moment, their invasion force moves relentlessly towards Leningrad. [チェルデンコ書記長]まさしくこの瞬間、侵略軍はレニングラードに向けて容赦なく移動している。 SUBTITLE SFS01_07=*[38.6 5.8]I have chosen you to defend the U.S.S.R. in this difficult hour, [チェルデンコ書記長]私はこの厳しい局面において、USSRの防衛に君を選んだ。 SUBTITLE SFS01_08=*[44.4 4.1]because I need a commander who does not believe in defeat! [チェルデンコ書記長]なぜなら私には敗北を信じない司令官が必要だからだ! SUBTITLE SFS01_09=*[49.1 6.4]Someone who will not simply drive our enemies back, but ultimately annihilate them, SUBTITLE SFS01_10=*[55.8 1.4]humiliate them, SUBTITLE SFS01_11=*[57.2 2.8]and show them no mercy! [チェルデンコ書記長]我々の敵を撃退し、全滅させ、屈辱を与え、奴らに一切の慈悲を見せるな! SUBTITLE SFS01_12=*[65 4.9]General Krukov! Would you like to meet our new commander? [チェルデンコ書記長]クルコフ将軍!我らの新司令官にお会いになりますか? SUBTITLE SFS01_13=*[70.2 1.1]New commander? [クルコフ将軍]新司令官だと? SUBTITLE SFS01_14=*[71.3 4.5]Yes! We're sending him to protect Leningrad. [チェルデンコ書記長]ええ!我々は彼をレニングラード防衛に派遣します。 SUBTITLE SFS01_15=*[75.8 3.4]Even though I told you it was foolhardy to try and defend that city? [クルコフ将軍]私はその都市を守ることはバカげた試みだと言ったはずだが? SUBTITLE SFS01_16=*[80.1 5.4]If Leningrad falls, the Soviet people will begin to lose hope. [チェルデンコ書記長]もしレニングラードが崩壊したら、ソビエト国民が希望を失うきっかけになりかねません。 SUBTITLE SFS01_17=*[85.9 3]Yes, well, I wish him luck then! [クルコフ将軍]まあ、そうだな。彼の幸運を願っているよ、そこでだ! SUBTITLE SFS01_18=*[89.3 4.3]The Empire's technology is highly-advanced and he will likely be vastly out-numbered. [クルコフ将軍]帝国の技術力は高度に進歩しており、数でも圧倒的に優っている。 SUBTITLE SFS01_19=*[93.7 4.8]But of course, it is an honor to sacrifice one's life for the motherland, is it not? [クルコフ将軍]しかしもちろん、1人の命が祖国の犠牲となることは名誉である。違うか? SUBTITLE SFS01_20=*[98.7 1.3]Indeed. [チェルデンコ書記長]その通りです。 SUBTITLE SFS01_21=*[100.5 2.9]Now if you'll excuse me, I have a nation to defend! [クルコフ将軍]これで失礼するよ、私には守るべき国家があるからな! SUBTITLE SFS01_22=*[104.7 6.4]Comrade Dasha will be your information officer and will coordinate all our communication. [チェルデンコ書記長]同志ダーシャが君の情報士官となり我々のコミュニケーションを調整する。 SUBTITLE SFS01_23=*[111.3 5.8]Thank you, your excellency. Commander, the armies of the Empire are closing in as we speak. [ダーシャ]ありがとうございます閣下。司令官、私たちが話している間にも帝国陸軍が近づいています。 SUBTITLE SFS01_24=*[118.6 1.5]Make haste, commander. [チェルデンコ書記長]急ぐんだ、司令官。 SUBTITLE SFS01_25=*[121.3 2.8]Time is of the essence! [チェルデンコ書記長]時間は貴重だぞ!
https://w.atwiki.jp/otomeroge/pages/94.html
Yin-Yang! X change Alternative 【CROWD】 分類 純愛劇女性主人公 対応機種 Win98~XP シナリオ Q-tron 原画 田島直 ボイス フル DL版 あり 紹介サイトはこちら Android版公式サイトはこちら 概要 TS(性転換)もののゲームを発売し続けるCROWDの『X change』シリーズ4作目。 続きもののであった前三作とは設定を一新して男性キャラクターにもより重点が置かれている。 グロ・凌辱 特記事項なし ゲーム性 特記事項なし 派生作品・購入ガイド 廉価版として『復刻版』が発売されている さらに『X change3復刻版』と同梱された『XチェンBOX2』が発売されているため両方購入する場合はこちらがおすすめ Android版(18禁)もダウンロード販売がされている 備考 『X change Alternative2』とは設定などに直接の関連はない 報告レス(一部) 長いため『Yin-Yang! X change Alternative・報告感想レス』ページに記載 関連作
https://w.atwiki.jp/chaosgvg/pages/44.html
GV時 通常 ギルド名 ギルマス 職性別Lv EMC 結成日 溜まり場 CHIVALRIES KaedeKoneko 女:ロードナイト:94 EMC◎ 不明 不明 「LEしおん」同盟の一つ、読み方は「シバレース」意味は辞書には載っていないがファイブスター物語という作品における騎士の模様 GVG戦記やギルドHP等関連リンク(過去所属メンバー含む) HP名 URL 管理者メインキャラ ぷにぷによいころさん http //www.puni-hakase.org/ KaedeKoneko:99♀LK CHIVALRIES http //chiva.keychan.cc/ 不明 09/05/14コピペ 09/04/03 1700846 さけ CHIVALRIES 80 ハイプリ ♂ 09/03/29 1798396 十世 CHIVALRIES ホム育成指南 68 ケミ ♀ 09/03/16 255969 ヽ(´▽`)/ CHIVALRIES 政略結婚の巻き 84 LK ♂ 08/12/20 147946 rilfi'l CHIVALRIES シチューにカツあり? 70 ハイプリ ♀ 08/11/02 147946 KaedeKoneko CHIVALRIES 六本爪の龍 94 LK ♀ 08/06/17 935503 Nagool_A CHIVALRIES めけめけ島 92 ハイウィズ ♂ 08/05/18 137561 keychan CHIVALRIES 千々石ミゲル友の会 94 チャンプ ♂ 08/05/11 131572 KaedeNeko CHIVALRIES にゃの 48 ハイアコ ♀ 08/03/29 1233425 唯 CHIVALRIES 冷凍庫行き 86 アサクロ ♀ 08/03/28 429825 AGENT EMIT CHIVALRIES 92 モンク ♀ 08/03/24 1268816 愛永 CHIVALRIES ながされて名無し島 44 ハイアコ ♀ 08/02/15 109021 SHADOW EMIT CHIVALRIES 83 忍者 ♀ 08/02/07 109021 EMIT CHIVALRIES ふぃあっせがぶがぶ 95 ハイウィズ ♀ 08/01/15 1332489 加藤故 CHIVALRIES ニヨほっか 99 クラウン ♂ 07/12/10 806146 神降臨!! CHIVALRIES 74 ハイプリ ♂ 07/12/01 2906453 うさぎん CHIVALRIES 上京しました 36 テコン ♀ 07/11/16 216199 深山 琴美 CHIVALRIES 月と貴方に花束を 85 プリ ♀ 07/07/08 1789601 アディーナ CHIVALRIES 人数居無くてすみません 80 プリ ♀ 07/07/08 848036 Rilfy CHIVALRIES こっち中 87 セージ ♀ 07/06/03 2157744 イルティナ CHIVALRIES りん魂と前衛と後衛と 74 リンカー ♀ 07/04/07 2330816 ミープ CHIVALRIES すーぱーりるしすたーず 98 セージ ♀ 07/03/25 848036 ごすぺる☆りるたん CHIVALRIES とりあえず断る 86 クルセ ♀ 07/01/28 1195135 萎え子 CHIVALRIES かえでスパイラル 81 バード ♂ 07/01/27 2734810 とりしあ CHIVALRIES お外なんだy 62 バード ♂ 07/01/26 1845688 調教師ネイル CHIVALRIES 64 ウィズ ♂ 07/01/21 1560760 シェルスタンス CHIVALRIES 外の雪見らっこ 80 ナイト ♀ 07/01/14 641112 レイレイ CHIVALRIES 流れの畔の木のように 82 アサ ♀ 07/01/07 1762754 Sunlight CHIVALRIES 亀っこどうぶつ 85 モンク ♀ 06/08/29 1668121 ベレスキューナチャコ☆ CHIVALRIES jetsetradio 79 ダンサ ♀ 06/08/05 1260062 れーりん CHIVALRIES てーこん 22 テコン ♀ 06/06/25 117612 猫ぱらら CHIVALRIES このマゾ共め! 68 ウィズ ♀ 06/06/24 1735989 turugi,. CHIVALRIES 94 ローグ ♂ 06/06/20 112898 jelena.D CHIVALRIES 82 チャンプ ♀
https://w.atwiki.jp/xbox360score/pages/2305.html
Jonah Lomu Rugby Challenge 項目数 24 総ポイント 1000 難易度 Good Sport Complete 25 online matches 40 Online Captain Complete 50 online matches 125 Tall as Metcalfe Win 60% of lineouts in a match that aren t thrown by your team 15 World Champ Domination Win the World Championship Competition without losing or drawing a match 60 Possessed Maintain Over 60% possession in a match 10 This is My House Maintain over 60% territory in a match 10 Lack of Discipline The ref calls one red card against you 10 A Gentleman s Game Do not concede more than 2 penalties in a single match 15 End-To-End Make a try-scoring run which starts within your own in-goal area 40 Conversion Point Pro Score a conversion on pro difficulty 35 Team Player Win 10 matches, each as a different team 40 Played for Our Sins Win a match with 2 players sent off 35 The Catt Memorial Service Break through a full back with Jonah Lomu 20 Where is Tim Timber? Win the ITM Cup Competition 50 Super, Thanks For Asking Win the Rugby 15 Competition 50 There s No Forfeiting This One Win the Top 14 Competition 50 Working On My Quads Win the Quad Nations Competition 50 Hardcore Fan Complete Career Mode 100 Bank of Toulon Collect $100,000 Rugby Dollars 100 No School Boy Difficulty Here Get gold medals in every tutorial 30 That s No Oil Painting, But OK Create and save a custom player 10 秘密の実績 Oh The Memories! Score 4 consecutive tries with Jonah Lomu vs England 20 Thanks Team Watch through the credits. 10 Tribute Unlock Team Lomu 75